Dénoncer la politique marseillaise, dénoncer Marseille, Cesare Mattina
Chapitre d'ouvrage
Cesare Mattina. Dénoncer la politique marseillaise, dénoncer Marseille. Acteurs et rhétoriques de la dénonciation judiciaire et médiatique d’une ville maudite (chapitre 7)
Dans :
Nicolas Maisetti et Cesare Mattina (dir.) Maudire la ville. Socio-histoire comparée des dénonciations de la corruption urbaine, Presses universitaires du Septentrion, 2021
Mis à jour le 7/4/25
Ces quinze dernières années, l’intensification du processus de remise en question et de dénonciation des pratiques et des mœurs politiques à Marseille (corruption, clientélisme, favoritisme, emplois fictifs, détournements de fonds publics, banditisme, etc.) semble s’affirmer comme une réalité empirique éclatante. Les scandales politico-judiciaires et la considérable production médiatique et livresque qui l’accompagne l’attestent. L’actualité récente montre une accélération des scandales politico-financiers et de la critique publique des modes de gestion impliquant plusieurs institutions publiques locales : les affaires de détournement de fonds publics autour de la gestion des heures travaillées des agents municipaux (à partir de l’affaire du Samu social de la Ville de Marseille survenue en 2017 et qui repose sur des soupçons d’emplois fictifs et de faux pointages) ; l’affaire de corruption au Département des Bouches-du-Rhône révélée par une enquête de la magistrature ordinaire en mai 2016 et impliquant un fonctionnaire responsable d’un important service du département ; les différentes investigations de la magistrature ordinaire et comptable, notamment la Chambre régionale des comptes, depuis 2009-2010 sur la mauvaise gestion des collectivités locales et de leurs services rattachés ainsi que sur les financements frauduleux d’associations loi 1901, etc.
2Toutes ces révélations créent une continuité temporelle avec deux affaires majeures de la deuxième moitié des années 2000 ayant déjà configuré une nouvelle étape de la dénonciation de la politique marseillaise : l’« affaire Guérini » du fait de l’enquête de la magistrature menée sur l’ancien président socialiste du Conseil général mis en examen et condamné en mai 20211 dans le cadre d’attributions de marchés publics à son frère Alexandre Guérini, chef d’entreprise dans le secteur du traitement des déchets ; l’« affaire Andrieux » avec la mise en examen puis la condamnation définitive de cette députée socialiste ayant fait verser des subventions à des associations que les principaux membres – soutiens de ses activités politico-électorales – avaient utilisées de manière frauduleuse.