Centre de la Vieille Charité - Centre International de Poésie Marseille (CIPM)

Le 29/09/2019

De 14h00 à 15h00

Intervenante·s

Portrait de Michaël Batalla
Porteur de projet

Michaël Batalla

Poésie

Portrait d'Aurélie Foglia
Intervenant•e

Aurélie Foglia

poésie

Portrait de Romain Bertrand
Intervenant•e

Romain Bertrand

Histoire

En un temps d’urgence écologique qui impose aux sciences sociales de reprendre langue avec le monde, de repeupler leurs récits des êtres naturels qui en ont été de longue date bannis par le jeu des (in)différences, et pour cela de les décrire au plus juste, au moment donc où la précision redevient politique, la poésie a nécessairement quelque chose à dire à l’histoire. 

Il n’a jamais été autant question des liens qu’histoire et littérature seraient, pour leur mutuel bénéfice, susceptibles de nouer. Mais ces rapports sont le plus souvent d’attestation réciproque : ils visent à doter d’un surcroît de robustesse des récits sans trêve ni trouées, où la langue étaye une prétention orgueilleuse à la vérité – comme s’il suffisait, pour prouver, de hausser le ton. Les « effets de style », l’ordonnancement proprement romanesque des scènes, l’apparition théâtralisée des personnages (et du narrateur lui-même), le phrasé sans césure des faits mènent parfois la prose historienne aux portes du comique troupier. Surtout, ces emprunts non maitrisés masquent les tâtonnements, les achoppements, les doutes et les embarras qui font l’ordinaire de l’enquête en archives et de la mise en récit des documentations.

Or, la littérature ne se réduit pas au roman naturaliste.

Parce que la poésie relève avant tout d’une « besogne du langage » (Francis Ponge), parce qu’elle ne cesse de s’interroger sur ce qui échappe à la prise des mots, parce qu’elle ne tait aucun de ses tracas de lexique ou de syntaxe, parce qu’elle cerne au plus près ce qu’elle accueille et ce qui lui résiste, le dialogue entre art poétique et méthode historique pourrait offrir une échappatoire hors de ces formes vaudevillesques de narration qui endimanchent à outrance l’histoire contemporaine. Il pourrait donc s’agir, au lieu de nommer histoire le récit arrogant d’une vérité, de « nommer littérature la fragilité de l’histoire » (Patrick Boucheron).

Aurélie Foglia, Forêt hiéroglyphes, 40x50cm, acrylique sur toile, 2018 (détruite le 3 décembre 2018)
Image : © DR

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Centre international de Poésie Marseille

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