Centre de la Vieille Charité - Cour
Le 28/09/2019
De 20h00 à 22h00
Intervenante·s

Il n’y a pas de mot pour la nature chez Homère. Un tel mot (phusis) est une invention plus tardive des philosophes. Pourtant, elle est puissante dans ses poèmes, diversement et de manière contradictoire. Elle est monde ordonné, géométrique, avec ses régions définies et mesurables, le ciel, la terre, le Tartare ; mais cet ordre menace de s’effondrer au gré des querelles entre les dieux.Ces querelles portent toutes sur des humains.
La nature chez Homère est aussi forces violentes, dans les tempêtes que rappellent des comparaisons qui cherchent à dire la guerre, ou dans la colère d’un fleuve en révolte contre Achille qui l’encombre de cadavres. Parfois elle s’apaise, dans l’image de l’ordre des saisons. Mais cet ordre signifie pour chacun le fait naturel par excellence qu’est une mort sans au-delà. Elle est déchainement de passions divines et humaines qui ne s’arrêtent qu’au prix d’immenses souffrances. Les poèmes homériques ne cherchent pas à faire la théorie de ces natures, à les unifier, comme le feront peu après Hésiode, puis les philosophes avec leurs cosmologies qui sont aussi des théories de la société. Homère en constate l’existence et s’en sert pour tenter de dire la singularité des expériences. Au-delà des ordres naturels, répétitifs et en fait limités car définis, il y a « la prairie infinie des mots », comme le dit un héros de l’Iliade.
En avant-première, Pierre Judet de La Combe, helléniste, dévoile sa traduction à paraître de l’Illiade. Des chants, commentés par lui, lus par Michael Batalla, poète et directeur du cip m, et repris en grec ancien par une comédienne, donnent à entendre, à saisir au plus près les diverses et contradictoires manières de la puissance de la nature dans les poèmes d’Homère.
Portés par ces trois voix, ces chants nous emportent dans les querelles entre les dieux, sur les humains, dans de diverses cosmologies.