« Aujourd'hui, remarquez quelle importance démesurée prend le moindre fait. Des centaines de journaux le publient à la fois, le commentent, l'amplifient [...] De là, des secousses continuelles dans le public, qui se propagent d'un bout du pays à l'autre. Quand une affaire est finie, une nouvelle commence, car les journaux ne peuvent vivre, sans cette existence de casse-cou. Si des sujets d'émotion manquent, ils en inventent [...] C'est ce régime de secousses incessantes qui me paraît mauvais car chez ceux qui vivent dans l'attente effrayée des catastrophes, l'équilibre de la saine raison semble détruit, le contrecoup des événements est disproportionné ; et l'on en arrive à se demander avec anxiété si, dans des circonstances véritablement décisives, nous retrouverions le sang-froid nécessaire aux grands actes ». Emile Zola, Le journalisme (Le Figaro - supplément littéraire du 24 novembre 1888).